La Ville de Val-d’Or est en mode action afin de prévenir la quantité de composants perfluorés dans l’eau potable. Depuis la mi-janvier, le puits d’appoint est hors service à la suite de résultats d’une analyse effectuée au début de l’année 2023.

Une étude menée par des chercheurs du département de chimie de l’Université de Montréal a démontré que le taux de substances poly- et perfluoroalkylées (ou SPFA) atteignait 171,1 ng/L dans certains prélèvements dans le puits d’appoint. Un résultat qui tournait autour de 36 ng/L dans le puits principal de la Ville de Val-d’Or. Le dossier a été mis originalement en lumière par la journaliste Maude Montembeault, de l’émission Enquête de Radio-Canada. 

Pendant que Santé Canada recommandait de tenir ce niveau en dessous de 200 ng/L, une nouvelle consultation de pourrait mener à une baisse drastique de la norme permise. Un scénario comprenant un taux maximum fixé à 30 ng/L serait à l’étude, ce qui ferait en sorte que le puits principal dépasserait légèrement ce plafond. 

« On est en discussion avec le ministère de l’Environnement depuis 2021. Les taux de perfluorés dans l’eau de Val-d’Or ont toujours été en dessous des recommandations de Santé Canada. On a fermé le puits d’appoint par précaution, car la concentration était vraiment plus élevée. Au moment où on se parle, cette eau respecterait les recommandations », assure le conseiller délégué à l’environnement, Benjamin Turcotte.   

Utilisés depuis plusieurs décennies, les composés perfluorés sont des produits chimiques qui servent à améliorer l’imperméabilité et à prévenir les taches dans certains produits de consommation. On les retrouve notamment dans les vêtements, les poêles antiadhésives et les meubles. 

Deux nappes distinctes 

Selon Maude Montembeault, les villes de Val-d’Or et de Saint-Donat, dans les Laurentides, affichent des résultats préoccupants pour les scientifiques. 

La recherche, menée par l’expert mondial Sébastien Sauvé, a analysé l’eau potable de 376 municipalités québécoises, entre 2018 et 2020. Mise au courant des résultats, la Ville de Val-d’Or a demandé la collaboration du chercheur, puisque l’équipe ignorait que les deux puits sont liés à deux nappes phréatiques distinctes. 

La mairesse de Val-d’Or, Céline Brindamour, assure qu’aucun citoyen n’a bu de l’eau provenant uniquement du puits d’appoint. Ce dernier n’est utilisé que lors des heures de pointe dans la consommation d’eau, soit le matin et vers l’heure du souper. 

Selon Radio-Canada, presque la totalité des eaux étudiées se situerait sous la barre des 30 ng/L. Questionnée par rapport à la situation de Val-d’Or, Mme Brindamour ne pouvait donner une explication précise sur la quantité de perfluorés présente dans l’eau. Des travaux afin d’identifier la source de ces produits chimiques sont déjà en cours. 

« On attendait des analyses de M. Sauvé. Au lieu des échantillons prélevés par des étudiants dans les stations-service et les restaurants entre 2018 et 2020, on lui a demandé de travailler avec lui, en lui envoyant nos propres échantillons, car son laboratoire est vraiment plus poussé que le nôtre. Le temps que les résultats nous reviennent, cela a pris quelques semaines », justifie Mme Brindamour, concernant la chronologie de la fermeture du puits d’appoint. 

La Ville de Val-d’Or précise que l’offre en eau potable ne sera pas affectée par cette décision, et que le puits principal sera en mesure de fournir la demande nécessaire. Toutefois, les citoyens pourraient devoir diminuer leur consommation lors de longues canicules durant l’été. Le conseil municipal n’exclut pas l’idée de rouvrir le puits d’appoint pour aider le service incendie à combattre des brasiers.